Les AG saturés – À contre-courant

**Luc** Lun 15 Mar 2021 - 15:11

Les AG saturés – À contre-courant
Idées clés
- Les oméga-3 sont réputés favorables en cas d’AVC, de diabète de type II ou de pathologie inflammatoire.
- Mais tout ce qui dépasse les besoins corporels sera stocké et deviendra délétère.
Il faut envisager les AGPI comme des modulateurs hormonaux ou des convoyeurs ayant mission de tempérer les excès du système immunitaire.
- Les AG saturés ne sont pas des « mauvais garçons ». Ils jouent un rôle structurel dans la stabilité et l’intégrité des membranes et contribuent à l’équilibre du microbiome.
- Les AG saturés sont des matériaux nécessaires à la fabrication de nombreuses hormones qui jouent un rôle important dans le métabolisme. Dans ces hormones sont inclues les œstrogènes, la progestérone, la testostérone, l'adrénaline, et la DHEA.

*) 1^ère partie : Apport recommandes d’AGPI en matière de prévention santé
Certains nutritionnistes recommandent vivement l’apport d’oméga-3 dans la prévention artérielle et le surpoids. Et on relaye le message dans les médias et ça devient « les oméga-3 luttent activement contre le dépôt des mauvaises graisses dans les artères » (ALA, EPA et DHA).
=> Mauvaise formulation.
Et surtout les lecteurs vont croire qu'ils peuvent combattre l'oxydation des artères avec des oméga-3, s’ils rééquilibrent. Non et non !!
Je recentre: Les oméga-3 ont effectivement une action apaisante, particulièrement l'EPA. Mais c'est au niveau hormonal essentiellement, accessoirement sur le microbiome.
Les AGPI sont très fragiles et sont donc susceptibles d'être oxydés. Par conséquent ils sont délétères si … Et c'est illusoire de croire qu'on pourra les protéger avec de la vit E ou du bêta-carotène. On répare seulement (...).
Nous devrions donc nous limiter à un apport fonctionnel d'AGPI (et éventuellement pour équilibrer ponctuellement un excès d'oméga-6). On pourra faire une exception en cas de détox, pour assister le foie et faciliter le convoyage des endotoxines LPS vers la sortie, par exemple.
Notez qu’il faudrait se limiter à 10 gr maxi d'AGPI (dont 1.5 gr d'oméga-3). On peut viser le rapport 1/1 à 1/4 W3/w6. Et pas besoin de 10 gr d’AGPI tous les jours !
Tout ce qui dépasse les besoins corporels sera stocké et deviendra délétère. Et si une personne consomme de l’huile de colza sur sa salade ou mange des oléagineux (autrement que 3 ou 4 noix en collation ou dans une salade), il y aura un cumul et un excès en fin de journée.
Oui, les AGPI agissent comme des hormones ; et oui l’ALA et l’EPA modère la réponse excessive (inflammation, LPS, Treg, etc.). Hors le cas d’une pathologie d’assimilation (colopathie), il faut mettre en évidence que les besoins sont très bas. Or, nous sommes cernés par l’excès, particulièrement par les oméga-6. On peut chercher à équilibrer ou faire une cure temporairement pour atténuer une réaction excessive du système immunitaire mais pas au point de favoriser un régime riche en huiles, noix et autres suppléments riches en AGPI, sauf à viser un effet ponctuel – donc limité dans le temps – si on assure d’autre part une couverture adéquate anti-oxydante (qui ne se limite pas à la prise de vitamine C en poudre, ni à un multi-vitamine). Mais là, on tend vers ; et on agit à posteriori, ce qui est déjà problématique car on cherche alors à corriger une situation qu’on a amplifié (incorporation des AGMI en excès dans les tissus).
Si vous voulez comprendre les implications réelles, il faut laisser de côté les études sur les oméga-3 car elles sont effectuées sur du court terme (rarement plus de 12 semaines).
Il faut se tourner vers l’impact hormonal des AGPI via les prostaglandines et les eicosanoïdes. Eh, oui on aboutira à un impact favorable sur les maladies cardio-vasculaires ainsi que sur le diabète, et d’autres pathologies inflammatoires. C’est logique mais c’est une vue à court terme (…). Depuis les années 1950 on a établi qu’un régime riche en AGPI déprime le métabolisme … Vous avez des liens pour approfondir cet aspect.
Mais l’objet de cet article est de remettre la balle au centre car les AG Saturés sont bien trop souvent décriés.

Liens utiles:
*) Les besoins réels en AG polyinsaturés surestimés ?
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*) Huile de poisson et effet sur la thyroïde
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Effet anti-thyroïdien et digestif sur les enzymes. + Impact sur le niveau d’énergie.
*) Inhibition du métabolisme par accumulation d’AGPI.
Dans la 1^ère partie nous postulons qu’un déséquilibre dans l’apport des AG polyinsaturés déprime le système. Dans la seconde partie nous nous attachons à corriger le tir, en limitant l’impact hormonal.
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*) Que penser de l’huile de coco ? The hype on coconut oil!
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**Luc** Lun 15 Mar 2021 - 15:14

*) 2ème partie: Effets thérapeutiques des Acides Gras Saturés (AGS)
Mécanisme protecteur de l’action des AGS
Les AGS jouent un rôle structurel dans les membranes en nous protégeant contre la perméabilité intestinale. (1)
1. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Une supplémentation en AGS à longue chaîne nous protège et permet même de renverser une situation compromise, dans la dysbiose intestinale induite par l’éthanol (boissons alcoolisées et fermentation du microbiote). (2)
2.- “The therapeutic effects of saturated fatty acids may be explained, at least in part, by reduced endotoxemia and lipid peroxidation, which in turn result in decreased levels of TNF-alpha and Cox-2”. AA Nanji DOI: 10.1002/hep.510260622
Ainsi, dans cette même étude l’acide palmitique (C16) et l’acide stéarique (C18) diminuent significativement la translocation bactérienne, en bloquant le processus de fuite (leaky gut).
Les AGS n’agissent pas directement sur le processus de stabilisation de la barrière intestinale. Dans cette étude (3) Les bactéries commensales ont métabolisé les AGS, de telle sorte que les spécialistes parlent maintenant d’eubiose (le contraire de dysbiose) suite à l’action des bactéries intestinales sur l’équilibre (homéostasie).
3. "...We found that ethanol administration results in intestinal bacterial overgrowth, reduced proportions of the phylum Firmicutes, increased numbers of the phylum Bacteroidetes, and reduced proportions of Lactobacillus species and Lactobacillus rhamnosus. These findings are consistent with previous reports that chronic ethanol administration induces dysbiosis in mice [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Here, we report that administration of saturated LCFA reverses most of these effects ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]), to restore intestinal eubiosis."
"...Saturated fatty acids do not act directly on the intestine to stabilize its barrier. Instead, we showed that commensal lactobacilli metabolize saturated LCFA, in vivo and in cultured cells, to promote their expansion. Saturated fatty acids were reported to serve as vitamin B substitute and promote growth of Lactobacillus species [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Chronic ethanol intake might therefore decrease levels of Lactobacillus species by reducing intestinal levels of saturated fatty acids. Interestingly, in contrast to LCFA, SCFA do not seem to be beneficial for alcoholic liver disease. Although supplementation with butyrate protects from intestinal tight junction disruption, it does not prevent steatohepatitis after chronic alcoholic feeding."
Reference:
21. Kodicek E. The effect of unsaturated fatty acids on Lactobacillus helveticus and other Gram-positive micro-organisms. Biochem J. 1945;39:78–85. [[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]] [[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]] [[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]]

**Luc** Lun 15 Mar 2021 - 15:16

Liens additionnels
*) Effets de l'apport en acides gras à longue chaîne sur la composition du microbiote intestinal et les résultats métaboliques dans les modèles avec animaux
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Source : Fatty Acid Diets: Regulation of Gut Microbiota Composition and Obesity and Its Related Metabolic Dysbiosis doi: 10.3390/ijms21114093

*) Acute Effects of Butyrate on Induced Hyperpermeability and Tight Junction Protein Expression in Human Colonic Tissues
doi: [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Butyrate, a short-chain fatty acid derived from microbial fermentation of dietary fibers in the colon, has been described as an intestinal barrier-strengthening agent.

*) Measuring the Antimicrobial Activity of Lauric Acid against Various Bacteria in Human Gut Microbiota Using a New Method
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
For human gut microbes, lauric acid (LA) was shown to have low antimicrobial activity against commensal lactic acid bacteria, but high antimicrobial activity against pathogenic Bacteroides and Clostridium, suggesting that LA might modulate intestinal health, as confirmed by the proposed method.
NOTE: Coconut oil contains 44 % of lauric acid.

*) Role of saturated LCFA on Lactobacillus species and eubiosis
[url=Supplementation of Saturated LCFA promotes barrier integrity]Supplementation of Saturated LCFA promotes barrier integrity[/url]
doi: 10.1053/j.gastro.2014.09.014
- The Role of Long-Chain Fatty Acids in Inflammatory Bowel Disease
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
*) Effet à double-sens ?
Remarque : Notez qu’un excès d’un certain type d’acide gras peut avoir un effet à double tranchant.
Butyrate: A Double-Edged Sword for Health?
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SCFAs, primarily acetate, propionate, and butyrate, are organic acids produced in the intestinal lumen by bacterial fermentation of mainly undigested dietary carbohydrates, specifically resistant starch and dietary fiber and, to a lesser extent, dietary and endogenous proteins (1, 2). Most micro-organisms prefer to ferment carbohydrates over proteins, so the concentrations of SCFAs are highest in the proximal colon, where most substrates for fermentation are available, and decline towards the distal colon (3). It has been estimated that SCFAs contribute to ∼60–70% of the energy requirements of colonic epithelial cells and 5–15% of the total caloric requirements of humans (4).
Among SCFAs, butyrate has received particular attention for its beneficial effects on both cellular energy metabolism and intestinal homeostasis (5). Although it is the least abundant SCFA produced (∼60% acetate, 25% propionate, and 15% butyrate in humans) (6, 7), butyrate is the major energy source for colonocytes (8, 9). Butyrate modulates biological responses of host gastrointestinal health by acting as a histone deacetylase (HDAC) inhibitor and binding to several specific G protein–coupled receptors (GPCRs) (10). Numerous in vitro and in vivo studies have shown that butyrate plays an important role in modulating immune and inflammatory responses and intestinal barrier function (11, 12). However, the effect of butyrate on obesity remains controversial, with opposite results also reported (13, 14). Although butyrate is well known to exert a plethora of beneficial effects on the intestinal tract, growing evidence points to the impact of butyrate on the brain via the gut-brain axis.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
In rats, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] and [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. That might contribute to their inflammatory symptoms.
A recent study found that oral [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]in 9 out of 13 patients: 2 significantly improved, and 7 actually went into remission. The researchers’ explanation was the anti-inflammatory effect of the butyrate.

Invité Mar 16 Mar 2021 - 10:03

Très très intéressant, ça manquait à ma panoplie, je vais étudier ça de plus près dès que j'ai un moment, merci Luc Wink

Tu as une bibliothèque sans fond sous la main ou tu recherches sur le net et trouves des pépites au fur et à mesure ? Laughing

**Luc** Mar 16 Mar 2021 - 10:16

darky35 a écrit:Tu as une bibliothèque sans fond sous la main ou tu recherches sur le net et trouves des pépites au fur et à mesure ?

Un peu tout ça à la fois: Une bonne docu de base, savoir où aller rechercher l'info (en général, via des auteurs que j'ai déjà lus, mais pas que - il faut garder l'esprit ouvert), un décryptage nécessaire des sources (...)
Disons que je rebondis, en me disant : Tiens, ça pourrait faire un article intéressant pour le forum. Déformation professionnelle (enseignant à la retraite). Puis il faut étayer avec des sources et mettre en page (cohérence). Ce sont ces 2 points qui sont chronophages.
Merci pour ta contribution, au passage.
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PS: Pour le lecteur lambda, on croise l'info si qque chose vous paraît "étrange" ou on le range dans un coin du cerveau. Il faut laisser progressivement se laisser "séduire", et apprivoiser la bestiole / s'approprier le concept. ça se passe souvent en plusieurs étapes ...
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Ln Sam 27 Mar 2021 - 11:13

Bonjour Luc,

Je vous espère en forme!
merci pour cette synthèse. Je suis arrivée également à cette indispensable notion d'équilibre, dépendant du profil de chacun, et de son état physio(patho)logique.

Je vais revenir régulièrement du côté de chez Mirzoune (voire Ciboulette si elle le mérite Wink

), après une année très chargée en événements perso comme pro (j'ai fini par écrire un livre sur ... les graisses alimentaires, mettant en avant cet équilibre, ainsi que l'écoute du corps).

En supervision hier soir, j'appris qu'aux US, on donne désormais du jaune d'oeuf à gogo aux bébés dès leurs 6è mois, tant ses acides gras sont intéressants (reste à voir l'alimentation des bêtes).
Et en Italie, du bouillon d'os dès leur 4è mois!!! mais là, davantage pour acides aminés, collagène, glucosamine, chondroïtine, minéraux, etc

A très vite
Hélène

**Luc** Sam 27 Mar 2021 - 11:23

re,
N'hésite pas à mettre un passage en exergue et à commenter si souhaité, de préférence avec une source si possible.
A ta meilleure convenance ...

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